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    LES REACTIONS QUE NOUS RENCONTRONS

    - « Et puis, de toute façon, je n'en mange que très peu » :

     

    Nous avons fait, un jour, un débat sur le thème des animaux ; étaient présents essentiellement des militants progressistes, et tous, en guise d'introduction à ce qu'ils allaient dire, nous ont sorti ça. Nous ne voyons pas bien en quoi cela signifie être sensible à la souffrance des animaux, en quoi ils avaient conscience du problème qui nous intéressait. C'est vrai que manger de la viande une fois par semaine tue, sans doute, moins qu'en manger tousles jours. Les animaux vivent, probablement, plus cette différence que nous. Quelle réaction auraient-ils si quelqu'un leur disait qu'il bat peu sa femme ?

     

    Par ailleurs, et puisqu'on parle de militants, il semblerait qu'il y ait chez eux une gêne parce que les animaux ne sont pas une cause révolutionnaire, qui puisse, en tant quetelle, déboucher sur un changement radical de société. On ne peut pas faire de démagogie aux animaux, alors que si on se lamente sur le sort des ouvriers ou des enfants,on espère qu'en retour, par gratitude ou par conscience de classe ou autre, ils nous construiront le monde idéal dont on rêve.

     

    - « Tout ce que nous mangeons est obtenu dans ce système par l'exploitation des humains, des animaux ou des plantes ; on ne s'en sortirait pas si on voulait faire attention àtout et il faut bien manger... » :

     

    Il n'y a pas de solutions « tout ou rien »... Beaucoup disent préférer s'abstenir plutôt que faire quelque chose qu'ils jugent imparfait. Ils oublient qu'ils font quelque chose en mangeant de la viande, ce n'est aucunement une abstention, ils ne font qu'accomplir une vie médiocre, dictée par la tradition, qui les ahabitué à manger de la viande malgré la barbarie que cet acte représente. Pour moi, il ne s'agit pas d'essayer d'être parfait dans telle ou telle direction, de rechercher un absolu quelconque, mais d'essayer de déterminer une « solution imparfaite » qui soit la plus en accord avec les buts que je me donne.

     

    - « Tu ne serais pas là si tes ancêtres des cavernes n'avaient pas chassé ! » :

     

    Peut-être, mais les choses n'ont un sens que dans une situation donnée, et c'est de la situationprésente dont nous parlons, pas du passé. De plus nos ancêtres ont été végétariens à une période, alors on pourrait aussi bien dire « si nos ancêtres n'avaient pas été végétariens, nous ne serions pas là ». Pourquoi se référer à une situation datant de millions d'années pour justifier ses attitudes actuelles ?

    En effet, à ce compte-là, lecannibalisme se trouve tout naturellement légitimé car nos ancêtres l'ont aussi pratiqué. Le passé n'est pas un prétexte pour des pratiques cruelles : manger ses semblables humains est devenu moralement inacceptable et petit à petit il en deviendra de même de manger les autres animaux. Nos ancêtres mangeaient de la viande... sortons de lapréhistoire...

     

    - « C'est un luxe de nanti de se poser le problème. Ne faites pas le difficile, il y en a beaucoup qui aimeraient en manger et qui n'ont pas cette chance ! » :

     

    Il est paradoxal detenir un tel discourt alors qu'on est nanti, qu'on s'adresse à un nanti, et pas au squelette moribond dont il est question. Ne pas manger de viande n'est nullement « faire ledifficile », c'est juste constater qu'il est possible de vivre sans tuer des animaux et de préférer cette solution.

     

    Je reviens à l'argumentation qui nous traite d'enfants gâtés. Elle me semble fondée sur un double mépris. Le mépris de nos motivations d'abord : on ne nous reproche pas dene pas manger de viande, on nous reproche de le faire pour des motifs peu sérieux. Illustration donnée : « Si tu étais paysan du Sahel, tu ne ferais pas la fine bouche pourmanger ta vache quand tu en aurais besoin ».

     

    Peut-être. Si ma vie en dépendait, j'abattrais peut-être 15 personnes pour me sauver. Peut-être pas. Je me vois mal le dired'avance. Mais ça ne prouve ni qu'abattre 15 personnes ne soit pas grave, ni que tuer une vache n'est pas grave. Je ne suis pas paysan du Sahel (et les gens en face de moiqui s'indignent en leur nom, non plus), ma vie n'est pas en danger, et dans mon existence quotidienne, j'évite d'abattre des gens et de faire tuer des vaches.

     

    Deuxième mépris : celui contre les gens du Tiers-Monde eux-mêmes. A force de savoir qu'ils ne mangent pas à leur faim, on finit par croire qu'ils ne sont que des ventresaffamés. C'est un effet pervers du tiers-mondisme. On fait abstraction de leurs pensées, de leurs différences individuelles, de tous leurs désirs autres qu'alimentaires. On nes'attend pas à ce qu'ils puissent dire : « Nous avons faim mais ça nous gêne de manger de la viande ».

     

    On ne comprend pas que certains Indiens refusent de manger la viande. Les gens affamés ne sont pas censés réfléchir à un niveau moral ou philosophique. Et si on « respecte leur culture », c'est un peu comme on respecte la nature, les animaux dans les réserves. Ils sont « comme ça », une bonne fois pour toutes, il ne faut pas intervenir, ce serait introduire un « élément artificiel ». Ne pas parler aux Papousde la souffrance des animaux, les observer simplement, écrire éventuellement une thèse dessus, échanger un peu de nourriture contre une sagaie à mettre dans nos musées exotiques (je ne sais pas en fait si les Papous mangent de la viande et font des sagaies, ce qui m'intéresse ici est de dénoncer ce qui se passe dans la tête desgens).

     

    Respecter les coutumes, même s'il s'agit de la chasse ou de l'excision du clitoris (Ah non ! l'excision du clitoris, c'est différent, c'est un sujet « sérieux ». L'excision duclitoris consiste à mutiler les parties génitales des filles, cette pratique est courante, encore en Afrique. Beaucoup de gens dans le monde ne trouvent pas ça horrible, commebeaucoup d'autres ne trouvent pas la chasse horrible). Ne pas leur demander de penser, ni penser avec eux.

     

    Manque de chance, on ne voit pas bien en quoi prôner le végétarisme serait une intrusion de la culture occidentale, vu que ça ne semble pas faire partie de la culture debeaucoup de français ; et c'est justement dans les pays qui sont aujourd'hui du Tiers-Monde qu'on trouve le plus souvent des philosophies ou religions qui disent de ne pas manger de la viande pour ne pas tuer les animaux. Pas partout, loin de là. J'aurais sans doute à peu près autant de mal à convaincre la plupart des berbères que la plupartdes français à ne pas manger de viande pour ne pas tuer les animaux – mais pas forcément tous, certains y ont peut-être pensé avant moi. Ça n'interdit pas, en tout cas,d'en parler.

     

    Penser, demander aux gens de penser est toujours considéré comme un luxe artificiel, réservé aux riches oisifs. On veut voir dans le Tiers-Monde des ventres quine pensent pas. Les occidentaux tombent en fait eux-aussi sous le même mépris : consommateurs affamés de fric, de bagnoles et de sports d'hiver. Tant qu'on participe augueuleton, on échappe aux critiques de ceux qui nous font les reproches dont je parle, car on se montre pauvre aussi : pauvre en pensée. On se demande après ça où est lasupériorité supposée de l'humain, qui justement est censée justifier son carnivorisme ! Et sous le couvert de leur « indignation morale », les gens qui nous font ces critiquesne montrent qu'une chose : leur désir de ne pas remettre en question les choses dont ils bénéficient.

     

    - « Je vous respecte, je suis tolérant, respectez-moi, soyez tolérants » :

     

    C'est comme si un assassin demandait qu'on respecte son goût pour le meurtre pour motif de « choix personnel ». On oublie, seulement, que la consommation de viande n'implique pas qu'une seule personne, mais elle en implique au moins deux : celle qui mange et celle quis'est fait tuer. Un animal n'est pas un objet, mais bien un être conscient, et manger de la viande n'est pas un acte sans conséquence sur autrui. Les « choix personnels » des personnes ne sont nullement neutres, ils sont les conséquences de toutes les influences du milieu (histoire personnelle, culture, etc.). Si une personne fait souffrir une autre personne, rien ne peut justifier de ne pas y donner une réponse collective pour l'empêcher. Toutefois, chacun peut évoluer, nous avons, nous aussi mangé de la viande. Nous essayons de respecter chaque être, mais cela ne nous empêche pas de trouver que la consommation de viande est un acte de cruauté.

     

    - « L'humain n'est-il pas supérieur aux autres animaux puisqu'il est différent de tous les autres et qu'il est le seul à pouvoir faire certaines choses (fabriquer et créer des produits complexes par exemple) ? » :

     

    Il est clair que l'humain est différent de tous les autres animaux, comme d'ailleurs le chien ou l'oiseau sont différents de tous les autres animaux. Chacun a ses caractéristiques propres qui permettent de le différencier de tous les autres, mais cela ne lui donne aucun motif de supériorité. L'humain est trèshabile pour fabriquer des outils car il arrive à transmettre un patrimoine culturel important au travers des générations, mais l'humain est incapable de voler comme un oiseauou d'avoir un odorat autant développé que le chien. Pourquoi prendre comme référence de supériorité une particularité et pas une autre ? Le fait d'être plus habile, de toutefaçon, ne donne pas le droit de tuer ceux qui sont moins doués. Dans cette logique, pourquoi ne pas en faire autant des handicapés mentaux ? Ce prétexte de supériorité asouvent été pris d'ailleurs dans l'histoire humaine pour faire des génocides.

     

    - « Faut-il condamner le lion qui tue des animaux ? »

     

    L'humain n'est pas un lion, alors pourquoi les comparer ? Pourquoi chercher dans l'attitude des autres animaux quelque chose pour justifier l'attitude des humains ? Les lions mangent des fois des humains, est-ce que cela légitime le cannibalisme ? Que ce soit un humain ou un lion qui tue, cela n'enlève rien au fait que l'acte est cruel. Il est juste plus simple, en pratique, de demander aux humains de ne plus manger de viande, que de rendre végétaliens les lions de la planète.

     

    LA VOITURE

     

    Des centaines de milliers d'animaux se font écraser par des voitures, camions, motos, etc., la plupart du temps par accident. A défaut de pouvoir se passer de transports mécanisés, le minimum qui peut être fait, est de conduire prudemment et à vitesse raisonnable. Il est possible aussi de demander la construction de passages sous lesroutes pour animaux et des bordures de protection pour les empêcher de passer n'importe où.

     


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